The Unforgettable Fire
01/10/1984
- Produit par : Brian Eno and Daniel Lanois
- Edité par : Island Records
Histoire
U2 a déclaré la "guerre" et remporté une victoire sans appel.
Mais maintenant pour la première fois de sa jeune histoire, le groupe se doit de "défendre" une position. Et pour ce faire, il surprend tout le monde par un étonnant choix de producteur : d'ailleurs même Brian Eno ne sait trop pourquoi il a été choisi et ne voit pas ce qu'il pourrait apporter à ces quatre garçons impétueux.
Pourtant, l'alchimie semble immédiate. Epaulé par Daniel Lanois, Eno ouvre de nouvelles perspectives, fait découvrir de nouveaux champs sonores à un groupe qui n'attendait que cela, qui n'avait pas envie, loin de là, de se reposer sur des lauriers acquis à la force du poignet. "The Unforgettable Fire", titre donné en souvenir de l'horreur d'Hiroshima, est un album aéré et aérien. Certes le premier single extrait, et nouveau hit, "Pride (In The Name Of Love)", où Bono rend honneur à Martin Luther King (tout comme sur le morceau "MLK"), ne désarçonne pas le public et s'avère vite comme la transition idéale entre "War" et le nouvel album.
Mais Eno et le groupe se sont astreints à bâtir des climats plus reposés. Les claviers se sont faits plus présents et soulignent les arpèges cristallins que The Edge prend toujours un malin plaisir à égrenner. Bono a gagné en assurance et module ici sa voix à la perfection tandis que le jeu d'Adam Clayton et Larry Mullen Jr a gagné en souplesse et en subtilité.
Presque ambient, ce disque porte certes la marque d'Eno mais confirme surtout U2 dans sa qualité d'écriture et sa facilité à créer des textures. "Wire" et la chanson-titre sont de véritables bijoux acrobatiques et entraînants, "Promenade", tout comme "Bad", des... ballades ombragées. Ici, le groupe séduit avec subtilité et retenue. Certes l'expérimental "Elvis Presley And America" ou l'inutile instrumental "4th Of July" ne convainquent qu'à moitié mais U2 a définitivement appris à se familiariser avec les possibilités offertes par un studio, ce qui fait de "The Unforgettable Fire" l'une des pièces-maîtresses de sa discographie.
Pas étonnant alors que le quatuor fasse l'unanimité (de la presse au public) et qu'il conquiert ses derniers galons aux Etats-Unis, où le journal Rolling Stone le baptise : "Le meilleur groupe des années 80".